Les ulcères gastriques des Lamas et Alpagas.
L’anatomie des estomacs des Petits Camélidés est unique. Ce sont des « Pseudo-Ruminants » qui différent considérablement par leur anatomie digestive des vrais « Ruminants » selon la classification.
Comme les « Ruminants » il y a fermentation dans les pré-estomacs, régurgitation et re-mastication.
A la place d’avoir 4 estomacs comme chez la vache ou la brebis, les petits camélidés ne possèdent que 3 compartiments appelés C1, C2 et C3.
C1 occupe la majeure partie du côté gauche de l’abdomen .C2 est situé sur le côté droit et à l’avant de C1. Le compartiment C3 est un long tube situé sur le côté droit de l’abdomen.
En proportion, C1 c’est 85% du volume des estomacs, C2 représente 5% et C3 constitue 10% du volume total.
C’est seulement dans la partie terminale du compartiment C3 et sur 1/5 de sa surface qu’est secrété l’acide chlorhydrique par les glandes gastriques. L’estomac véritable se situe donc à ce niveau et c’est aussi dans C3 que surviennent la plupart des ulcères.
Il est difficile de savoir quelle est l’exacte fréquence de ces ulcères dans la pathologie de nos animaux. En effet, c’est à l’autopsie, le plus souvent, malheureusement, que le diagnostic est fait mais l’autopsie n’est pas une pratique assez souvent utilisée. Il n’en reste pas moins que sur celles qui sont pratiquées, la découverte d’ulcères gastriques est suffisamment fréquente pour attirer notre attention et nous préoccuper.
Il est aussi légitime de supposer que ces ulcères puissent aussi survenir secondairement sur des animaux atteints d’une autre pathologie et stressés de ce fait.
Sur le petit camélidé vivant, les signes cliniques sont donc assez discrets. L’animal est moins alerte, passe moins de temps que les autres à manger. On peut observer des signes de coliques (douleurs abdominales) qui peuvent échapper à un observateur non averti. Il sera plus facile de noter une position couchée plus fréquente par rapport aux autres animaux. A la différence d’autres espèces il n’y a pas de présence de sang dans les selles.
Malheureusement, donc, le diagnostic sur le vivant est très difficile. Il n’est pas possible, anatomiquement, d’avoir recours, chez les petits camélidés, à un endoscope pour visualiser la muqueuse gastrique. C’est seulement dans le cas d’ulcères déjà rupturés, qu’il est possible de diagnostiquer la présence de fluides par ultrason et de les analyser après ponction.
En pratique, c’est donc sur des suspicions d’ulcères que l’on interviendra le plus souvent.
Le traitement aura pour objectif de réduire la production d’acide dans l’estomac et donc d’induire une élévation du pH. Il existe des molécules indiquées pour cela.
Mais pour des polygastriques, la voie orale ne pourra être utilisée. L’utilisation des pâtes orales à base d’omeprazole, chez les petits camélidés adultes, n’est pas efficace (contrairement à son emploi sur le cheval, monogastrique, lui).
C’est seulement sur le jeune cria qui n’a qu’une alimentation lactée que les formulations en pâte orale pourront être employées.
Sur des animaux plus âgés il faut donc recourir à la voie injectable. Des études récentes sur des alpagas adultes ont conclu à l’efficacité du pantoprazole à la dose de 2mg/kg par voie sous-cutanée pour augmenter significativement le pH de C3 et donc réduire l’acidité de l’estomac.
En prévention des ulcères il faudra veiller à éviter une alimentation trop riche en concentrés ( excès d’amidon) d’une part, et d’autre part, essayer de réduire tout ce qui peut engendrer du stress dans certaines situation comme le sevrage , les changements de propriétaires, les attaques de chien, etc…
Il faudra aussi prendre en compte que l’utilisation de médicaments AINS (Anti Inflammatoires Non Stéroïdiens) peut être aussi à l’origine d’ulcères gastriques .
En conclusion, retenons le point positif qu’il existe maintenant des médicaments qui peuvent diminuer l’acidité de C3 et nous redonner un peu d’espoir dans le traitement de cette pathologie si difficile à reconnaître.
André Richard